Comment parler à vos enfants de la situation sanitaire/politique actuelle ?
08/02/2022
Sujet d'actualité : Comment parler à vos enfants de la situation sanitaire/politique actuelle ?
Je fais bien évidement référence à tout ce qu'il se passe en ce moment (covid et guerre en Ukraine pour ne citer que ça). Peu importe vos convictions scientifiques, empiriques ou politiques, cela n'a rien à voir et je ne cherche pas à faire débat.
Cela étant, nos enfants (et nous aussi) vivent une situation inédite : masques à l'école, tests, vaccinations, peur, société divisée... Ils entendent parler les adultes, la télé, les médias, etc de sujets importants et divergents, sans forcément comprendre ce qu'il en ressort vraiment. Même nous les adultes pouvons être dépassés par toutes ces informations et ces désinformations. Le fait est qu'avant, les enfants jouaient au docteur et aujourd'hui, ils se retrouvent à jouer à faire des tests, à qui est cas contact et à se fliquer dans la cour d'école quand l'un n'a pas son masque. Pardonnez-moi mais ça me fend le cœur ! Ces situations inédites sont arrivées chez moi. J'en ai donc profité pour ouvrir la discussion avec mes enfants et aborder quelques notions qui me paraissent importantes. Je pars du principe qu'on peut parler de tout avec son enfant : politique, santé, sexualité... Il suffit d'adapter son discours d'adulte à l'âge de son enfant, que celui-ci ait 3 ans ou 15 ans.
Voilà quelques astuces pour aborder la discussion :
➡️ Profiter de ce que dit votre enfant pour établir le dialogue et pouvoir valider ou réajuster. Cela sous-entend de prendre le temps de l'écouter quotidiennement.
➡️ Si l’enfant nomme une émotion, la valider ("est ce que c'est bien cela que tu ressens ?") et, s’il ne le fait pas, poser des hypothèses pour l’aider à la nommer. Cela sous-entend que vous arriviez à faire l'exercice pour vous même au préalable ;) (Et si ce n'est pas le cas, appelez-moi pour qu'on en discute... ça peut se résoudre facilement). Pour rappel, les émotions primaires sont : joie, colère, peur, tristesse, dégoût, surprise.
➡️ Prévoir des supports pour alimenter le dialogue : un livre sur les émotions, ou sur l'anatomie (J'ai commencé par celui ci avec mes filles : lien).
➡️ Avoir une attitude calme, sereine et positive (je ne parle pas du test hein 😛), avec une attention particulière au non-verbal. Si vous expliquez à votre enfant, qu'il n'y a rien de grave et que vous ne le pensez pas, il va le ressentir. Occupez-vous de vos émotions en premier (mais ça je l'ai déjà dit 😅).
➡️ Donner un nom spécifique au virus, adaptable suivant l’âge de votre enfant, pour éviter les généralités et ne pas oublier de parler des choses positives que cela peut engendrer (ex : passer du temps en famille, parler de l'immunité collective, du renforcement du système immunitaire, que c'est dans les légumes qu'on trouve le plus de vitamines C, à quoi sert la vitamine C...) Votre enfant ne peut pas vivre en pensant que, avec son nez qui coule ou sans son masque, c'est une bombe à retardement pour la vie de ses grands parents.
Ce peut être l'occasion d'aborder ces quelques notions avec votre enfant :
👉 Les médias sociaux (pour les plus âgés) : ce que votre enfant fait lorsque le monde entier regarde. Discutez avec votre enfant de ce qui est approprié et de ce qui ne l'est pas. Attendez-vous à ce qu'il fasse des erreurs. C'est OK ! C'est pourquoi nous, notre famille et nos amis les suivons sur les réseaux sociaux. Expliquez que ce n'est pas pour l'embêter. Il peut comprendre.
👉 Les médias tout court : les informations auxquels votre enfant a accès. Une information, ça se décode et décoder, cela s'apprend. Pour cela vous avez l'EMI, l'éducation aux médias et à l'information. Voilà un exemple en vidéo. Cela va permettre à votre enfant de muscler son esprit critique par rapport aux informations qu'il peut voir (parfois à son insu). Amener cette matière dans son école ou à la maison peut être une idée ;) Parlez-en à ses profs.
👉 L'exemplarité : Votre enfant peut devenir la personne qu'il aimerait rencontrer dans la rue. VOUS pouvez être la personne que vous aimeriez que votre enfant devienne (je pourrais dévier sur les neurones miroirs mais il me faudrait plus qu'une newsletter pour aborder ce sujet).
👉 L'empathie et l'acceptation - L'empathie est la capacité à se mettre à la place de l'autre afin de comprendre son mode de fonctionnement, ses pensées et ses émotions (joie, tristesse, souffrance…). C'est aussi, à mon sens, accepter que l'autre peut avoir une vision différente de la sienne sans pour autant être une mauvaise personne. C'est accepter l'autre, dans son entièreté et avec respect, même s'il n'a pas les mêmes opinions que nous.
👉 L'intimité : Ce que votre enfant fait lorsque personne ne les regarde, mais c'est aussi ce qu'il pense. Chacun a le droit d'exprimer ses opinions mais aussi de les garder pour lui.
👉 Le respect : Chacun à le droit d'exprimer ses opinions dans les respects de l'autre, avec la considération et l'estime que l'on a pour une personne, une chose ou une idée.
👉 La mort : Parce qu'elle fait partie de la vie. Les enfants peuvent en parler très tôt. Vous pouvez vous aider de supports pour cela, comme un livre ou une petite vidéo, adapté.e à l'âge de votre enfant.
👉 Colère : Nous avons le droit d'être en colère et contrariés quand les choses ne vont pas dans notre sens. Cependant, il y a des limites à l'expression de cette colère : l'impolitesse, le manque de respect, le mépris de la propriété d'autrui, le mépris des sentiments des autres ou de la sécurité des autres, que ce soit à la maison ou dans la rue. Faites un remue-méninges avec vos enfants sur les façons d'extérioriser cette colère : courir, monter les escaliers, tenir un journal, ou parler avec un parent/prof si l'enfant ne sait pas encore écrire, écouter de la musique, pleurer, dessiner, etc. Apprendre à vivre ses émotions tôt est un super atout pour plus tard, surtout quand on se retrouve dans une situation comme nous pouvons la vivre en ce moment. J'ai pris l'exemple de la colère mais j'aurai pu le faire avec d'autres émotions comme la frustration (ex : je ne peux plus faire de sport), la tristesse (ex : ma copine est cas positif) ou la peur (ex : j'ai peur de transmettre à mes camarades ou aux grands parents).
Cette liste de notions n'est bien évidemment pas exhaustive... l'injustice, l'incompréhension, la science, les manifestations......
Cela prend un peu de temps de discuter mais je vous garantis que cela fera grandir votre enfant et vous aussi par la même occasion.
Et vous, comment aidez-vous votre enfant à y voir un peu plus claire sur ce qu'il traverse en ce moment❓
Je vois que mes dernières newsletters parlent à plusieurs d'entre vous qui m'envoient un email pour pousser un peu plus loin la réflexion et j'en suis ravie.
Si vous aussi ça vous dit, laissez moi un commentaire.
En attendant, prenez bien soin de vous (et de vos enfants) !
A très bientôt,
Anaïs
PS : Si vous connaissez des personnes dans votre entourage qui seraient susceptibles d'être intéressées par ces infos, n'hésitez pas à leur transmettre cet email.